Introduction
Le syndrome fémoro‑patellaire (SFP) est l'une des causes les plus fréquentes de douleur antérieure du genou. Il touche les coureurs, les sportifs à flexions répétées (cyclisme, fitness, danse), mais également les personnes sédentaires en reprise d'activité. Il ne s'agit pas d'un « frottement qui abîme la rotule », mais d'une intolérance de charge liée à un déséquilibre mécanique et neuromusculaire du membre inférieur.
Physiopathologie : une question de répartition des contraintes
La rotule glisse dans la trochlée fémorale. Quand le quadriceps tracte, la pression patello‑fémorale augmente. Si la hanche contrôle mal l'alignement (valgus dynamique), si le TFL et le rétinaculum latéral sont raides, ou si la cheville est peu mobile, la patella subit des contraintes asymétriques : les tissus péri‑articulaires s'irritent (synoviale, graisse de Hoffa, rétinaculums) sans lésion structurale majeure.
- Le quadriceps seul n'explique pas la douleur ; la force des muscles de hanche (abducteurs/rotateurs externes) est déterminante.
- La mobilité de cheville influence le valgus dynamique.
- Les facteurs psychosociaux (peur du mouvement, fatigue) modulent la perception douloureuse.
Facteurs à identifier
- Augmentation trop rapide du volume/intensité (course, squats, sauts).
- Faiblesse des fessiers ; dominance quadriceps.
- Raideur du TFL/quadriceps ; mobilité limitée de cheville.
- Chaussage inadapté, surfaces dures prolongées.
Conduite fondée sur les preuves
Les recommandations (BJSM, JOSPT, NICE) placent l'exercice actif progressif au premier plan : renforcement hanche et quadriceps, contrôle moteur, exposition graduée à la course. Le repos strict est contre‑productif.
- 2×/semaine : abducteurs/rotateurs externes de hanche ; squats contrôlés (alignement hanche‑genou‑pied).
- Progression douleur‑guidée (0–4/10 acceptable pendant/24 h après).
- Course : reprendre à plat, augmenter la cadence de 5–10 %, éviter descentes au début.
- Tape rotulien/semelles : soulagement court terme possible, adjuvants.
Apport ostéopathique : logique et complémentarité
L'ostéopathie ne « remet pas la rotule en place » : elle réharmonise la chaîne cinétique pour réduire les contraintes inutiles.
- Évaluation globale : bassin (rotations), hanche (contrôle), cheville/pied (mobilité), schéma de course.
- Techniques myofasciales : TFL, fascia lata, quadriceps (réduire traction latérale).
- Mobilisations : hanche, bassin, cheville/pied ; glissements patellaires indolores.
- Rééducation neuromusculaire : stabilité pelvienne, alignement dynamique, proprioception.
Conseils patients
- Bougez souvent ; évitez l'immobilité assise prolongée.
- Renforcez les fessiers 2×/semaine ; étirez modérément TFL/quadriceps.
- Reprenez la course progressivement (terrain plat, cadence ↑).
Références
- Crossley KM, et al. Patellofemoral pain syndrome. BMJ. 2015;351:h3939.
- Willy RW, et al. Patellofemoral pain: Clinical practice guidelines. J Orthop Sports Phys Ther. 2019;49(9):CPG1–CPG95.
- Collins NJ, et al. Exercise therapy for patellofemoral pain. Br J Sports Med. 2018;52:382–388.
- Nunes GS, et al. Manual therapy in patellofemoral pain. J Bodyw Mov Ther. 2013;17(3):362–368.
- Franke H, et al. Osteopathic manipulative treatment in musculoskeletal pain. Eur J Pain. 2019;23(2):350–365.